Lorsque la FIFA annonça, en décembre 2010, que le Qatar allait accueillir la Coupe du monde, s’élevèrent d’inévitables critiques. Le pays n’avait pas assez de stades, pas de tradition footballistique et il y fait trop chaud. Un pays arabe, quatre fois plus petit que le nôtre, organiserait le Mondial pour la première fois depuis sa création en 1930.
L’émirat de Tamim ben Hamad Al Thani occupe une place importante dans les domaines bancaires, hôteliers, sportifs (achats de grands clubs de football). Mais les conditions d’existence de beaucoup de personnes ayant œuvré sur l’immense chantier qatari, lequel a entraîné morts et blessés, ont choqué. Cela fait hélas partie du flux du capital et du travail dans plusieurs parties du monde où sévissent pauvreté et manque d’offres d’emplois.
Le monde arabe a une longue histoire avec le football, histoire à caractère politique aussi. Avant le choix du Qatar, des mouvements nationalistes en Egypte, Jordanie, Palestine et au Soudan utilisèrent ce magnifique sport, aux résonnances considérables, comme moyen de luttes pour leur indépendance. En Algérie fut créée une équipe en exil, en 1958. Sous la pression de la France, la FIFA sanctionna les clubs participant à des matchs contre les joueurs indépendantistes.
Abdullah Al-Arian, professeur d’histoire à l’Université Georgetown (Qatar), a rappelé ces faits et souligné, dans un pénétrant article du New-York Times (21 novembre 2022), que quelques semaines après l’admission de la candidature du Qatar, entraient en éruption notamment la Tunisie, la Lybie, la Syrie, le Yémen et l’Egypte. L’importance culturelle et politique du football lui apparaît évidente lors du Printemps arabe qui commença en décembre 2010.
Si, près de douze ans après, Gianni Infantino, présidant la FIFA, a tenté de dissuader les artistes du ballon de tout commentaire politique, son discours n’a guère empêché l’équipe de l’Iran de refuser de chanter l’hymne national, ni celle de l’Allemagne de mettre ostensiblement sa main devant la bouche en signe de protestation.
N’en déplaise au Président Macron proclamant qu’il ne faut pas politiser le sport, ayant dit le contraire il y a quatre ans lors du Mondial en Russie !