L’écriture inclusive n’est pas un thème nouveau. En 1899, Hubertine Auclert, féministe française, écrivait que l’omission du féminin dans le dictionnaire pouvait contribuer à son absence parmi les lois. Le débat a fluctué. Il est de retour.
Pour certains, ainsi le linguiste Franck Neveu (Sorbonne), « l’inclusivisme ne saurait être isolé d’un vaste mouvement faisant émerger une déconstruction où prévaut la dialectique dominant/dominé (…) La réalité à laquelle s’attache cette écriture n’a rien à voir avec la langue mais avec une réalité sociale et politique.»
Selon l’éminent lexicographe, feu Alain Rey, « on ne modifie pas la langue par un décret dogmatique ». En français le masculin et le féminin ne sont pas liés à l’espèce humaine et complètement arbitraires pour les choses. On dit une voiture, un fauteuil. Autrement dit, les mots n’ont pas de sexe mais un genre (Neveu). Seul l’usage a raison, conclut Rey.
D’autres, comme Julie Neveux (pas de lien avec le premier nommé), linguiste (Sorbonne), y voient « une nouvelle ressource linguistique », rappelant cette règle oubliée : l’accord de proximité, soit avec le nom le plus proche. Dire les comédiens et les comédiennes sont créatives, était possible jusqu’au dix-septième siècle !
Sans doute est-ce le point médian qui suscite le plus la polémique. Ne rend-il pas malaisée la lecture ? C’est un problème majeur pour les personnes souffrant de handicap (malvoyance, dyslexie, dyspraxie) et pour les enfants en apprentissage. En France des associations de parents d’élèves et des enseignants sont hostiles à son application dans l’enseignement. Par ailleurs l’expression orale d’un texte en écriture inclusive est impossible.
Pas étonnant que l’Académie français ait mis son veto, le gouvernement français l’interdisant pour les documents officiels.